Que savons-nous ? Et sommes-nous même assurés d'exister ? Actuellement différents de ce que nous étions à la seconde précédente, et de ce que nous deviendrons dans un instant, nous assistons à l'évanouissement perpétuel des phénomènes du monde extérieur, aussi bien qu'à celui de nos états de conscience.

André Rolland de Renéville

jeudi 31 mai 2012

Alors pourquoi estimer que l'absence de bonheur, voire le malheur est un état à fuir s'il est notre état quasi-permanent ?

Les journées en ce moment sont belles. Je communique avec la race humaine qui m'est le plus proche (ie amis ou camarades) ET on me laisse savourer mes moments de solitude.
Je crois que mon aversion pour le groupe est de plus en plus chimique: j'ai un problème de transpiration excessive. Ma mère m'a dit que je sentais fort comme les africains "qui ont cette odeur", elle l'a dit du genre : "Tes gènes africains ressortent, ma fille". Sans mépris. Je me demande ce qu'en penserait ma grand-mère sénégalaise." "Mais ils sentent fort parce qu'ils s'appliquent certains produits spéciaux, pour se nourrir la peau, non ?" ais-je répondu. Elle me l'avait dit quand j'étais en primaire. J'en avais parlé avec une fille de ma classe. L'odeur des africains. Du beurre de karité partout (notamment). Aujourd'hui, ma mère n'écoutait pas, elle était trop occupée à essayer d'oublier mon odeur. Un peu vexée alors petite vengeance verbale, lâcher la bombe ou ne pas la lâcher ? : "T'es raciste !" me suis-je entendue dire, d'un ton dégoûté. La dernière fois, c'était à moi que ce genre de mots étaient destinés."Mais aaaah ma pauvre fille tu es de droite mais c'est horrible tu soutiens Sarkoooo...tu es avec ces gens-là..."

Elle rigolait, mais voilà où on est dans notre société maintenant : si on est de droite on est un pariah. Je suis clairement de gauche, enfin mon cœur est à gauche mais pourquoi serait-ce si évident que quelqu'un qui SEMBLERAIT être issu d'une "minorité" soit "de gauche" ?
Si Copé 2017, le président sera d'origine algérienne et roumaine (juive !! ). De la race des pariah, quoi. Des stigmatisés. Issus de l'immigration. De ceux qu'on pointe du doigt. De ceux dont on veut nous faire croire qu'ils émigrèrent juste au début du XXIè siècle et qu'avant, point d"histoire. Des voleurs. Des assoiffés. De ceux qui prennent votre boulot...et profitent de vos impôts. Et pourtant, cette ordure est très très bien intégrée. Et si je me retrouvais en face de lui je suis sûre qu'il trouverait le moyen de me faire penser que je ne suis pas 100 % française. De me rendre étrangère en mon propre pays. Alors que si on parle de sang, de souche, j'en ai, et plus que lui, des gouttes de sang français, "blanc".
Quelque chose qui me frappe, c'est que l'on ai jamais dit que Sarkozy c'était LA REVOLUTION, une bonne nouvelle: le Président, fils d'immigré, avec "juste" une grand-mère française, (répondant au doux nom d'Adèle Bouvier, née en 1891 mais attention ce nom franco-français peut-être trompeur) issu d'une famille aristocratique ÉTRANGÈRE même ! Mais voilà, c'est ça la France ! Du métissage depuis DES SIECLES ET DES SIECLES !!!!!
Et je constate qu'à l'UMP ils sont énormément de 1ère/2ème/3ème génération d'immigrés...au contraire du PS. C'est intéressant à voir. Surtout la trajectoire de ce couple, Hollande/Royale: de parfaites petites créatures de l'hexagone construits en opposition, contre l'ordre établi.
Les personnages en eux-mêmes manquent peut-être de quelque chose puisqu'on les accuse de certains maux, type la mollesse, c'est fondé ou infondé mais leur couple et leur histoire a une dimension mythique, on ne peut le nier.

Le soleil est revenu. C'est ça, la chimie. La chimie dorée et rayonnante, qui se dilue sous mes aisselles.Je souris aux inconnus dans la rue et ils me sourient aussi. J'aime le contact humain quand il est intelligent. (productif?)
Et moi aussi je peux tracer mes ancêtres sur des siècles. Dans le pays cathare, notamment.
C'est formidable, l'humain.
Petit à petit, je marche vers un état de satisfaction.
Sans le chercher : il faisait beau aujourd'hui. J'ai eu des contacts, je ne suis pas restée en autarcie. Il y avait plein de choses à faire.

Tout ne va pas trop mal.
 

mardi 29 mai 2012

Alexander Ebert, Truth in Alexander (2011)

Truth.

The truth is that I never shook my shadow
Every day it's trying to trick me into doing battle
Calling out 'faker' only get me rattled
Wanna pull me back behind the fence with the cattle
Building your lenses
Digging your trenches
Put me on the front line
Leave me with a dumb mind
With no defenses
But your defense is
If you can't stand to feel the pain then you are senseless

Since this,
I've grown up some
Different kinda figther
And when the darkness come, let it inside you
Your darkness is shining
My darkness is shining
Have faith in myself
Truth.

I've seen a million numbered doors on the horizon
Now which is the future you choosen before you gone dying
I'll tell you about a secret I've been undermining
Every little lie in this world comes from dividing 
 Say you're my lover
say you're my homie
Tilt my chin back, slit my troath
Take a bath in my blood, get to know me
All out of my secrets
All my enemies are turning into my teachers

Because
Light's blinding
No way dividing
What's yours or mine when everything's shining
Your darkness is shining
My darkness is shining
Have faith in ourselves
Truth.

(Yeah)

Yes I'm only loving, only trying to only love
And yes, that's what I'm trying to is only loving

Yes I'm only loving, trying to only love
I swear to god I'm only trying to be loving

Yes I'm only lonely loving
And yes I'm only feeling only loving, only loving
Ya say it ain't loving, loving but my loving

I wanna only love til I'm only loving
I swear to god I'm only loving.
Trying to be loving, loving, loving, loving, loving, loving, love

Yes I'm only loving, yes I'm trying to only love
I swear to god I'm trying but I'm only loving
Ya say it ain't loving, loving, loving, loving, love my love

But I'm only loving, loving, loving
The Truth.


samedi 26 mai 2012

Jacques Stephen Alexis, L'espace d'un cillement (1959): "L'amour, tout amour, contient en soi la possibilité d'une prostitution."

 "Dieu ! Qu'elle est étrange cette nature humaine ! Cette fille allongée à ses pieds, une putain, elle aurait rampé pour l'atteindre, lui aurait même léché les pieds pour l'avoir à elle !... Elle aussi, une putain !... Et pourquoi tout cela, grand Dieu ? Simplement parce que l'être humain est prisonnier de sa carapace, qu'il rêve de franchir ses propres limites, de se confondre avec la nature toute entière. Tout cela, c'est la solitude, la dramatique, l'épouvantable, l'inexplicable solitude humaine ! Tous, bourgeois, épaves, travailleurs, prêtres, révolutionnaires, mystiques, explorateurs, aventuriers, intellectuels, mendiants, tous, ils poursuivent désespérément la même chimère, la communion, la fusion avec quelque chose qui n'est pas eux mais dont ils devinent la grandeur. Non ! Il n'est pas possible que tant de passion gaspillée au long de la longue marche de l'humanité n'ait en définitive son couronnement. Quelque chose de grand en sortira. L'amour total est une certitude et ce sera la divinisation ultime de l'homme. Au fond, l'exhibitionnisme de cette fille n'est pas plus immoral qu'autre chose, trois fois non !... C'est désespérant, direz-vous, pitoyable peut-être, mais c'est humain. Elle fait comme elle peut, comme elle sait. Comment, dans ce monde de prédation, de rapt, d'enfants livrés à eux-mêmes, abandonnés dans la Babylone, la Sodome et la Gomorrhe de toutes les exploitations, comment, avec la misère et le dénuement, comment cette désolante Luz-Maria n'aurait-elle pas désiré, cherché à sa manière sa minute de communion à défaut d'une vie harmonieuse et d'un bonheur partagé ? [...] "   


_____________________________ 

 " Par mille petits signes avant-coureurs l’époque annonce la perspective de grands changements. Souvent les hommes perçoivent la portée sociale ou politique de ces signaux mais combien en comprennent la signification pour le cœur individuel ? Tous les hommes actuellement vivants sont des hommes-charnières entre deux conceptions de l’humanité et de la vie; en tous les domaines de la pensée et de l’action ils portent en eux, à la fois, le passé et l’avenir, la réaction et la révolution ! Mais le mouvement sortira de l’apparente stagnation et de la virtuelle laideur, l’amour commence déjà à changer, il se débarrasse de la contrainte et du déséquilibre que lui ont imposés jusqu’ici les sociétés barbares. Il faut simplement que quelques grands visionnaires donnent l’exemple, qu’ils soulèvent l’amour à bout de bras... Ce soir, El Caucho se sent une âme de volontaire pour le voyage vers la lune de la belle amour humaine... La fraternité ne se réalisera véritablement sur terre que le jour où l’homme et la femme seront à la hauteur de leur tâche historique, aimer d’amour, par une fusion des cœurs, des sens et de l’esprit, aller de l’avant, devenir la cellule harmonieuse d’une humanité enfin dégagée de l’animalité."




mercredi 16 mai 2012

Alone. by Edgar Allan Poe

        From childhood's hour I have not been
        As others were; I have not seen
        As others saw; I could not bring
        My passions from a common spring.
        From the same source I have not taken
        My sorrow; I could not awaken
        My heart to joy at the same tone;
        And all I loved, I loved alone.
        Then- in my childhood, in the dawn
        Of a most stormy life- was drawn
        From every depth of good and ill
        The mystery which binds me still:
        From the torrent, or the fountain,
        From the red cliff of the mountain,
        From the sun that round me rolled
        In its autumn tint of gold,
        From the lightning in the sky
        As it passed me flying by,
        From the thunder and the storm,
        And the cloud that took the form
        (When the rest of Heaven was blue)
        Of a demon in my view.
 

dimanche 13 mai 2012

Il y a un an, j'ai écrit une fanfiction sur l'univers d'Harry Potter (15 avril 2011)

 Pour le plus grand bien

« - Mais non...il n'y a que toi que j'aime. »

Je me figeais sous le poids de mon audace à prononcer de telles paroles. Gellert, debout un peu plus loin, restait la main en l'air, son bras formant un arc de cercle parfait prolongé par le port de sa baguette magique. Il s'était apprêté à jeter dans l'air un sort quelconque pour nous distraire, mais il restait immobile désormais. Il me fixa droit dans les yeux. Un bon moment...il avait l'air perplexe. Tout son visage exprimait un sentiment que toujours aujourd'hui je ne saurais nommer. Etait-ce de l'incompréhension ? De l'admiration ? De la satisfaction ? De la vanité ? De la joie ? Non, de la joie, certainement pas, mais sans doute était-ce un mélange de toutes les émotions énumérées auparavant. Décrire le visage de Gellert avec précision m'est de toute façon impossible, car trop souvent il me hante.

En parler me fait déjà si mal...je suis un homme de grande faiblesse, oh oui, contrairement à ce que l'on croit. Ah, son visage...le visage de mon premier et unique amour, mon premier amour humain, physique, exclusif.

Gellert...Gel. Je ne le connaissais que depuis trois semaines et déjà, à sa rencontre, ma vie avait changée. Ce jour-là je lui racontais Poudlard, mes amis, qu'à l'heure qu'il était j'aurais dû être en Grèce avec l'un d'eux, mon cher Elphias. Et comme en disant cela je soupirais, Gellert crut que j'avais voulu lui signifier que bavarder avec lui m'ennuyait. Que je ne l'aimais pas assez, que j'aurais dû « rester avec [mon] petit ami au lieu de [m'] embêter avec un étranger ». Alors je lui avais répondu ses mots.

Au bout d'un moment, Gellert sourit et un bouquet des petites fleurs bleues sortit de sa baquette. Myosotis et pervenches... son bon goût naturel. Il abaissa son bras, il abaissa ainsi son âme et de surcroît m'invita à s'approcher de son cœur. La première barrière s'affaissait. Je rattrapais les fleurs au vol.

« - Tu m'aimes ? demanda-t-il. Réellement ?

Ses interrogations n'étaient pas posées sur un ton ou mode particulier. Quand Gellert avait un plan, il ne le laissait jamais transparaître à travers sa voix ou son attitude générale. (J'eus par ailleurs bien de nombreuses occasions de le vérifier.)
Je plongeais mon regard dans le sien.

- Je t'aime. Je suis fou de toi. Ce que nous préparons depuis trois semaines...dis-moi que c'est réel. Dis-moi que nous allons faire quelque chose de notre vie. Que nous resterons ensemble. Que tu es sincère.

Le sourire de Gellert s'était agrandi.
- Viens... dit-il, me tendant la main. »
Je posais la mienne dans la sienne et aussitôt, nous transplanions.

***

Gellert nous avait amené au beau milieu d'un champ de blé. Je savais que nous n'étions pas loin de Godric's Hollow mais j'aurais bien été incapable de reconnaître le lieu exact dans lequel nous nous trouvions. A vrai dire, je ne passais pas beaucoup de temps à me promener dans les environs de mon village, j'estimais y avoir déjà passé beaucoup trop de temps. Environ onze ans à temps plein, plus certaines vacances solaires lors de mes sept années d'études à Poudlard ! Et je n'avais pas encore dix-huit ans. Je voulais voir le monde moi, et Poudlard était fini justement ! On m'annonçait déjà comme futur Ministre de la Magie, j'avais obtenu le prix Barnabus Finkley d'aptitude exceptionnelle aux sortilèges, siégeait au Magenmagot en tant que représentant des jeunes anglais, et quoi d'autre encore ? Pas besoin d'établir un liste mes précoces exploits, j'étais le sorcier le plus doué de ma génération, voilà tout.

Le sorcier le plus doué mais le seul condamné à se retrouver coincé dans sa maudite maison de famille...Et pour quoi ? Pour m'occuper d'un frère et d'une sœur qui savaient très bien à mes yeux (même s'il s'avéra par la suite que j'avais ô tort, si tort) s'occuper d'eux-mêmes.

Heureusement donc que l'une de mes voisines de Godric's Hollow, Bathilda Tourdesac, m'eût présenté à son petit-neveu, Gellert Grindelwald donc. Gellert était un jeune sorcier aussi brillant que moi. Nous partagions les mêmes centres d'intérêts. Il était la rencontre inattendue, ma grande chance. Mais pourquoi n'avais-je donc pas continué la divination après mes examens de B.U.S.E ? Pourquoi aura t-il fallu si longtemps pour que je prenne cette science au sérieux ? J'aurais pu alors prévoir l'arrivée de cet être dans ma vie !
… Avec toutes les conséquences que cela impliqua.

*** (1)

Il faisait voler comme des étincelles dans les airs, fendant le ciel de ses sortilèges et tout son corps avec lui m'entraîna dans sa danse. C'était comme si chaque particule du champ de blé était entrée en lévitation et susurrait des ondes sucrées à mon oreille. L’air était plein d’encens. Le meilleur des hydromels coulait sur nos torses, mes vêtements pendouillaient dans l'espace, Gellert tourbillonnait avec sa baguette, souriait au ciel, ivre de félicité. Notre monde était doré. Le doux vent faisait tout vibrer en moi, réveillait mon amour. Les feuilles qui gisaient dans les bois alentours couraient jusqu’à nous : elles chantaient leur chant sacré. Je contemplai longtemps les formes magnifiques que la nature prend dans les champs pacifiques : c’était l’œuvre de mon amour.
Je me détournais de lui.

« - Mais enfin Albus, n'es-tu pas heureux ? hurla-t-il.
Ses enchantements s'arrêtèrent brusquement. Je tordais mes mains l'une dans l'autre. L'aura de bonheur qui flottait dans l'air se dissipait progressivement. Je ne disais rien. Quand je me retournais, face à Gellert, ce fut les yeux remplit de larmes. Je tremblais.

- Oooh mon Alb s'attendrit-il. Il m'étreignit.

Ce qui eût pour effet de me faire immédiatement ravaler mes larmes tant mon corps ne se réduisait plus qu'à une seule partie désormais: mon sexe. Je désirais Gellert. Je le désirais si fort. Mon pénis en érection me brûlait les entrailles. Il ne put pas relâcher son étreinte car il sentit la force de mes sentiments sur son corps. Et puis je m'étais collé à lui. Je plaçais ma main au-dessus de son oreille. Doucement, sûrement, sans faire de geste brusque. Je ne voulais rien faire qu'il puisse réprouver. Rien faire qui puisse nous briser et nous anéantir, rien qui puisse me faire demander « N’existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure » ? Je voulais surtout qu'il puisse m'entendre alors j'écartais une mèche de ses beaux cheveux blonds. Blond comme les blés...

- Je ne serais jamais heureux si tu ne me donnes pas plus, murmurais-je à son oreille.

Je ne pouvais pas voir son visage et donc ne pouvais pas savoir ce qu'il pensait. J'étais dans un état second, trop excité pour pratiquer la légilimancie et m'informer sur ses sentiments, sans doute confus. Gel, je t'aime continuais-je.
A ces mots, sa réaction fut violente et vive.

- Tu m'aimes ? Mais sais-tu ce qu'est l'amour, pauvre fou ? attaqua-t-il.

- Oui, et je le ressens pour toi. Je t'en supplie Gel, ne m'abandonnes pas ! commençais-je.
Il m'avait repoussé si fort que j'étais tombé à terre. J'étais donc à ses pieds. Il s'éloignait de moi, une expression de profond dégoût déformait sa bouche. J'attrapais son genou, puis sa cuisse, puis sa cheville. Y collait mon front. Son pied charmant semblait rire à côté du mien.

- Je ferais tout pour toi, Gel. Je quitterais Abelforth et Ariana. Nous irons chasser les moldus ensemble, nous construirons notre Empire. Je te suivrais, serait ton ombre. Quand tu auras trop de pression, tu pourras l'alléger en moi. Je te serais dévoué. Prêt-à-l'emploi. Je n'ai besoin que de ton amour, Gel. Ma passion pour toi me dévore.

Il ne s'enfuyait plus. Je relevais la tête. Je vis cette lueur dans ses yeux, cette lueur qui signifie "changement de plan!".

- Nous trouverons les reliques, Gel. Nous serons les deux sorciers les plus puissants que l'on ait jamais connus....

Il se pencha vers moi.

-Tournes-toi, Alb.

Maintenant nous étions tout deux sur le sol, mais il se tenait derrière-moi.

- Assieds-toi en tailleur s'il te plaît.

Je m'exécutais.

- Non pardon, allonges-toi je veux dire.

Il me chevaucha. S’allongea sur moi. Sa peau contre ma peau…je fermais les yeux. Frissonnait.

Jusqu'où es-tu prêt à aller, Alb ? »

Partout, Gellert Grindelwald, j’étais prêt à aller partout. Au paradis comme en enfer, pourvu que c'eût été avec toi.



(1) Je relisais mon texte, puis découvrait un peu plus tard (en même temps même) un poème qui reflétait parfaitement le petit univers fantasmagorique de cette partie.
Quelle ne fut pas ma surprise, j'écrivais que le monde de Gel & Alb était doré dans leur petit champ de blé et Victor Hugo parle du ciel doré sous lequel les amours de son personnage se passaient !! Dans une forêt en plus, à côté de champs...
Vous imaginez ma réaction ? *Ouuaaah trop fière, je suis hugolienne dans l'âme !* J'ai alors décidé de me servir de la prose du Maître et certaines phrases de ce petit passage sont des emprunts directs à Victor Hugo quand d'autres sont des allusions.
Comme quoi, cela prouve qu'au final tout à déjà été écrit ! *Mais j'ai eu les mêmes images qu'Hugo dans ma tête, lalalalala*
Bon, donc, si vous voulez aller voir ce poème, c'est pratique car il propose déjà la fin de l'histoire ! Etrange non ? Et je ne l'avais jamais lu avant, bien entendu.
C'est le poème n° 34 du recueil Les Rayons et les Ombres (1909): "Tristesse d'Olympio".





Paulina 1880, Pierre Jean Jouve (1925)

Un passage du livre. Magnifique réflexion sur l'amour, la sexualité, le désir féminin.

51.
Paulina était nue.
Etre nue, c’est être absolue enfin. Elle se sentait nue dans son ventre enveloppé d’ombre, dans ses deux mamelles visibles dont les pointes durcissent à l’air frais, dans sa chevelure déployée, dans l’intérieur de son esprit. Les regards de Michele l’absorbaient elle et son secret.Je ne lui cache plus le secret, qu’il cherche à le lire.
Je lui obéis s’il parle, je m’apprête sur un signe, je me tiens comme il le demande, pour faire ressortir une beauté qui lui plaît aujourd’hui.
La nudité c’est le charme, l’enfance, ou encore la guerre. Je vais lui faire la guerre merveilleusement douce et flanc à flanc. Je vais le conquérir : toi par moi et moi par toi.Elle regarde l’ennemi, il est beau, l’homme nu est une chose si une qu’elle en tremble. Elle est bouleversée et affaiblie. Il vient.
A côté de leur passion, plus loin ou plus bas que leur passion, ou même sans elle, la vie de leurs deux corps, de leur corps unique poursuivait son propre plaisir et accomplissait sa destinée.Le corps est une chose sainte.
Paulina cherchait souvent un état d’illumination et de fureur dans lequel personne n’existait plus ni lui ni elle. Elle était désorbitée, jetée à l’infini. Mais parfois c’était simplement le bonheur d’être sa femme, rien que sa femme, le double de son bonheur, une faible partie de son souffle.Un autre jour l’imagination poétique intervenait, faussait les caractères, elle croyait être prise par un homme-animal qui n’était pas Michele et qu’elle adorait comme un fétiche.Elle avait aussi le désir d’être un homme afin de le prendre lui, de quitter la passivité, qui la minute suivante lui donnait sa joie. O fantômes ! O contraires. Pour la quatrième ou cinquième fois elle perdait le sens et sa raison fondait dans la joie comme une étoile dans le ciel du matin.Terre céleste ! terre céleste ! comment rester avec toi.



jeudi 10 mai 2012

It wasn't youth, it wasn't life, born old, sadly wise...

Il y a un an, c'était le début de ce qui pourrait s'approcher de la Vie.  
Il y a six mois, j'ai recommencé à bloguer.
Jour pour jour.
C'est vraiment la fin du "en attente".
Mercredi dernier, je croyais encore au hasard...
Mais ça c'était avant de tomber sur Bohème d'Olivier Steiner (Gallimard,2012) dont la quatrième de couverture ressemble étrangement à ce que j'ai écrit dans un précédent article. Et le livre, j'y ai reconnu tellement de choses. J'ai été très surprise par la dimension de méta-amour, je n'ai même pas trop apprécié, à un moment je me suis dit "mais ils ne parlent de rien là!",  mais peut-être que c'est tout ce qu'on peut faire sur l'amouuuuuur à part le le vivre: parler, tenter d'en capter la signification, même quand ça sonne creux. Le "vivre"...je me demande ce que cela veut dire... Et le livre était fourni... Quelques problèmes reflétaient bien quelques éléments de ma constellation. De façon si étrange...
Et là, mon grand-oncle me parle du Dr Leopold Szondi, dont la théorie du destin héréditaire lui rappelle constamment depuis 30 ans qu'il faut se choisir son destin. Il insiste lourdement. Szondi l'accompagne depuis cet article de 1982 paru dans un supplément du Monde. J'ai vu le papier jauni.
Et là, je me dis que ne pas réussir dans ce qu'on entreprend est une insulte à tout ceux qui ont misé sur nous. Ou à ceux qui ont tout misé sur nous. Pardon Maman. Je n'ai pas le droit de me rater. Pour moi d'abord, pour toi ensuite.
Le hasard.
Même si je sais qu'un coup de dé ne l'abolira jamais, je me balade toujours avec un dé depuis que j'ai lu ce livre . Histoire au moins de le provoquer. Parution en 2005, j'étais à peine au collège. Je devais me fantasmer en ces personnages, d'où l'idée de moi aussi me balader avec dé. Ce qui s'est, à travers les années, toujours révélé TRES utile en cas de: panne d'inspiration, prévention de l'ennui, décisions à prendre, gens à surprendre etc. Je relis très souvent ce livre maintenant que j'y pense, au moins 2 fois par an. Je l'avais acheté en dirhams pendant les vacances. Il a un doux parfum d'enfance qui m'est très précieux ...

Quel est lien entre destin et hasard ? J'ai besoin de lire d'autres théories.











vendredi 4 mai 2012

CHERUBIN, exalté.

Cela est vrai, d’honneur ! Je ne sais plus ce que je suis ; mais depuis quelque
temps je sens ma poitrine agitée ; mon cœur palpite au seul aspect d’une femme ;
les mots amour et volupté le font tressaillir et le troublent. Enfin le besoin
de dire à quelqu’un je vous aime, est devenu pour moi si pressant, que je le dis
tout seul, en courant dans le parc, à ta maîtresse, à toi, aux arbres, aux
nuages, au vent qui les emporte avec mes paroles perdues. [...]



mardi 1 mai 2012

La volonté de vivre, Abou El Kacem Chebbi (أبو القاسم الشابي ), in Les chants de la vie (Aghani Al Hayat), 1955

La volonté de vivre


Lorsque le peuple un jour veut la vie
Force est au destin de répondre
Aux ténèbres de se dissiper
Aux chaînes de se briser...

Souffle alors un vent violent dans les ravins,
Au sommet des montagnes et sous les arbres
Qui dit :

« Lorsque je tends vers un but
Je me fais porter par l’espoir
Oublie toute prudence
Je n’évite pas les chemins escarpés
Et n’appréhende pas la chute
Dans les flammes brûlantes.
Qui n’aime pas gravir  la montagne
Vivra éternellement au fond des vallées » ...

Je sens bouillonner dans mon cœur
Le sang de la jeunesse
Des vents nouveaux se lèvent en moi
Je me mets à écouter leur chant
A écouter le tonnerre qui gronde
La pluie qui tombe et la symphonie des vents.

Et lorsque je demande à la Terre :
"Mère, détestes-tu les hommes ?"
Elle me répond :
"Je bénis les ambitieux
et ceux qui aiment affronter les dangers.
Je maudis ceux qui ne s’adaptent pas
aux aléas du temps et se contentent de mener
une vie morne, comme les pierres.
Le monde est vivant.
Il aime la vie et méprise les morts,
aussi fameux qu’ils soient.
Le ciel ne garde pas, en son sein,
Les oiseaux morts
et les abeilles ne butinent pas
les fleurs fanées.
N’eût été ma tendresse maternelle,
les tombeaux n’auraient pas gardé leurs morts".

Par une nuit d’automne,
Lourde de chagrin et d’inquiétude,
Grisé par l’éclat des étoiles,
Je saoule la tristesse de mes chants,
Je demande à l’obscurité :
"La vie rend-elle à celui qu’elle fane
le printemps de son âge ? "
La nuit reste silencieuse.
Les nymphes de l’aube taisent leur chant.
Mais la forêt me répond d'une voix
aussi douce que les vibrations d'une corde :
" Vienne l'hiver, l'hiver de la brume,
l'hiver des neiges, l'hiver des pluies.
S'éteint l'enchantement,
Enchantement des branches
des fleurs, des fruits,
Enchantement du ciel serein et doux,
Enchantement exquis des prairies parfumées.
Les branches tombent avec leurs feuilles,
tombent aussi les fleurs de la belle saison.
Tout disparaît comme un rêve merveilleux
qui brille, un instant, dans une âme,
puis s'évanouit.
Mais restent les graines.
Elles conservent en elles le trésor
d'une belle vie disparue..."

La vie se fait
Et se défait
Puis recommence.
Le rêve des semences émerge de la nuit,
Enveloppé de la lueur obscure de l'aurore,
Elles demandent :
"Où est la brume matinale ?
Où est le soir magique ?
Où est le clair de lune ?
Où sont les rayons de la lune et la vie ?
Où est la vie à laquelle j'aspire ?
J'ai désiré la lumière au-dessus des branches.
J'ai désiré l'ombre sous les arbres"

Il* dit aux semences :
"La vie vous est donnée.
Et vous vivrez éternellement
par la descendance qui vous survivra.
La lumière pourra vous bénir,
accueillez la fertilité de la vie.
Celui qui dans ses rêves adore la lumière,
la lumière le bénira là où il va."
En un moment pas plus long
qu'un battement d'ailes,
Leur désir s'accroît et triomphe.
Elles soulèvent la terre qui pèse sur elles
Et une belle végétation surgit pour contempler la beauté de la création.

La lumière est dans mon cœur et mon âme,
Pourquoi aurais-je peur de marcher dans l'obscurité ?
Je voudrais ne jamais être venu en ce monde
Et n'avoir jamais nagé parmi les étoiles.
Je voudrais que l'aube n'ait jamais embrassé mes rêves
Et que la lumière n'ait jamais caressé mes yeux.
Je voudrais n'avoir jamais cessé d'être ce que j'étais,
Une lumière libre répandue sur toute l'existence.

Traduction de S.Masliah.