_____________________________
Que savons-nous ? Et sommes-nous même assurés d'exister ? Actuellement différents de ce que nous étions à la seconde précédente, et de ce que nous deviendrons dans un instant, nous assistons à l'évanouissement perpétuel des phénomènes du monde extérieur, aussi bien qu'à celui de nos états de conscience.
André Rolland de Renéville
samedi 26 mai 2012
Jacques Stephen Alexis, L'espace d'un cillement (1959): "L'amour, tout amour, contient en soi la possibilité d'une prostitution."
"Dieu ! Qu'elle est étrange cette nature humaine ! Cette fille allongée à ses pieds, une putain, elle aurait rampé pour l'atteindre, lui aurait même léché les pieds pour l'avoir à elle !... Elle aussi, une putain !... Et pourquoi tout cela, grand Dieu ? Simplement parce que l'être humain est prisonnier de sa carapace, qu'il rêve de franchir ses propres limites, de se confondre avec la nature toute entière. Tout cela, c'est la solitude, la dramatique, l'épouvantable, l'inexplicable solitude humaine ! Tous, bourgeois, épaves, travailleurs, prêtres, révolutionnaires, mystiques, explorateurs, aventuriers, intellectuels, mendiants, tous, ils poursuivent désespérément la même chimère, la communion, la fusion avec quelque chose qui n'est pas eux mais dont ils devinent la grandeur. Non ! Il n'est pas possible que tant de passion gaspillée au long de la longue marche de l'humanité n'ait en définitive son couronnement. Quelque chose de grand en sortira. L'amour total est une certitude et ce sera la divinisation ultime de l'homme. Au fond, l'exhibitionnisme de cette fille n'est pas plus immoral qu'autre chose, trois fois non !... C'est désespérant, direz-vous, pitoyable peut-être, mais c'est humain. Elle fait comme elle peut, comme elle sait. Comment, dans ce monde de prédation, de rapt, d'enfants livrés à eux-mêmes, abandonnés dans la Babylone, la Sodome et la Gomorrhe de toutes les exploitations, comment, avec la misère et le dénuement, comment cette désolante Luz-Maria n'aurait-elle pas désiré, cherché à sa manière sa minute de communion à défaut d'une vie harmonieuse et d'un bonheur partagé ? [...] "
" Par mille petits signes avant-coureurs l’époque
annonce la perspective de grands changements. Souvent les hommes
perçoivent la portée sociale ou politique de ces signaux mais combien en
comprennent la signification pour le cœur individuel ? Tous les hommes
actuellement vivants sont des hommes-charnières entre deux conceptions
de l’humanité et de la vie; en tous les domaines de la pensée et de
l’action ils portent en eux, à la fois, le passé et l’avenir, la
réaction et la révolution ! Mais le mouvement sortira de l’apparente
stagnation et de la virtuelle laideur, l’amour commence déjà à changer,
il se débarrasse de la contrainte et du déséquilibre que lui ont imposés
jusqu’ici les sociétés barbares. Il faut simplement que quelques grands
visionnaires donnent l’exemple, qu’ils soulèvent l’amour à bout de
bras... Ce soir, El Caucho se sent une âme de volontaire pour le voyage
vers la lune de la belle amour humaine... La fraternité ne se réalisera
véritablement sur terre que le jour où l’homme et la femme seront à la
hauteur de leur tâche historique, aimer d’amour, par une fusion des
cœurs, des sens et de l’esprit, aller de l’avant, devenir la cellule
harmonieuse d’une humanité enfin dégagée de l’animalité."
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire