Que savons-nous ? Et sommes-nous même assurés d'exister ? Actuellement différents de ce que nous étions à la seconde précédente, et de ce que nous deviendrons dans un instant, nous assistons à l'évanouissement perpétuel des phénomènes du monde extérieur, aussi bien qu'à celui de nos états de conscience.

André Rolland de Renéville

jeudi 15 décembre 2011

Etre extrême d'après Alberto Cavallone

"To be extreme, to me, means to be a-normal, that is outside the norm. Norm is deadness, staticness, a passive acceptation of the existing world. Norm is immoral because it wants to be moral. Norm denies universal ethics. Being normal means not evolving, but just accepting what protects the mechanisms of life. Anormality means desire of progress, it’s a quest and a challenge. It’s the discovery of new ethics and morals, adequate to the changes that are denied by rules."
Alberto Cavallone, Dal nostro inviato..., «Nocturno», n. 4, settembre 1997, p. 46.

Sutra du Lotus - Daimoku

Image tirée de The Living End de Gregg Araki (1992)

南無妙法蓮華經

Namu Myōhō Renge Kyō


mercredi 14 décembre 2011

Candy Darling , dying note (1974)

To whom it may concern
By the time you read this I will be gone. Unfortunately before my death I had no desire left for life. Even with all my friends and my career on the upswing I felt too empty to go on in this unreal existence. I am just so bored by everything. You might say bored to death. It may sound ridiculous but is true. I have arranged my own funeral arrangements with a guest list and it is paid for. I would like to say goodbye to Jackie Curtis, I think you're fabulous. Holly, Sam Green a true friend and noble person, Ron Link I'll never forget you, Andy Warhol what can I say, Paul Morrissey, Lennie you know I loved you, Andy you too, Jeremiah don't take it too badly just remember what a bitch I was, Geraldine I guess you saw it coming. Richard Turley & Richard Golub I know I could've been a star but I decided I didn't want it. Manuel, I'm better off now. Terry I love you. Susan I am sorry, did you know I couldn't last I always knew it. I wish I could meet you all again.
Goodbye for Now
Love Always
Candy Darling
Tinkerbell HI!

lundi 12 décembre 2011

Lyrics: Atmosphere, Joy Division, A-Side from "Licht und Blindheit" 1980 (Released in France only)



Walk in silence,
Dont walk away, in silence.
See the danger,
Always danger,
Endless talking,
Life rebuilding,
Dont walk away.

Walk in silence,
Dont turn away, in silence.
Your confusion,
My illusion,
Worn like a mask of self-hate,
Confronts and then dies.
Dont walk away.

People like you find it easy,
Naked to see,
Walking on air.
Hunting by the rivers,
Through the streets,
Every corner abandoned too soon,
Set down with due care.
Dont walk away in silence,
Dont walk away.

Arthur Hughes by Arthur Hughes, Oil on millboard, 179 mm x 149 mm, circa 1851

« Le mythe des androgynes » in Le Banquet 190 b – 193e, Platon, 380 avant J.-C

« [Aristophane] :

Quoi qu'il en soit, Eryximaque, je me propose de parler autrement que vous avez fait, Pausanias et toi. Il me semble que jusqu'ici les hommes ont entièrement ignoré la puissance de l'Amour ; car, s'ils la connaissaient, ils lui élèveraient des temples et des autels magnifiques, et lui offriraient de somptueux sacrifices : ce qui n'est point en pratique, quoique rien ne fût plus convenable ; car c'est celui de tous les dieux qui répand le plus de bienfaits sur les hommes, il est leur protecteur et leur médecin, et les guérit des maux qui empêchent le genre humain d’être pleinement heureux. Je vais donc essayer de vous faire connaître la puissance de l'Amour, et vous enseignerez aux autres ce que vous aurez appris de moi. Mais il faut commencer par dire quelle est la nature de l'homme et les modifications qu'elle a subies.


Jadis la nature humaine était bien différente de ce qu'elle est aujourd'hui. D'abord il y avait trois sortes d'hommes : les deux sexes qui subsistent encore, et un troisième composé de ces deux-là ; il a été détruit, la seule chose qui en reste c'est le nom. Cet animal formait une espèce particulière et s'appelait androgyne, parce qu'il réunissait le sexe masculin et le sexe féminin ; mais il n'existe plus, et son nom tenu pour infamant.
En second lieu, tous les hommes présentaient la forme ronde ; ils avaient le dos et les côtes rangés en cercle, quatre bras, quatre jambes, deux visages attachés à un cou rond, et parfaitement semblables ; une seule tête qui réunissait ces deux visages opposés l'un à l'autre ; quatre oreilles, deux sexes, et le reste dans la même proportion. Ils marchaient adoptant une station droite, comme nous, et sans avoir besoin de se tourner pour prendre tous les chemins qu'ils voulaient. Quand ils voulaient aller plus vite, ils s'appuyaient successivement sur leurs huit membres, et s'avançaient rapidement par un mouvement circulaire, comme ceux qui, les pieds en l'air, font la roue.
La différence qui se trouve entre ces trois espèces d'hommes vient de la différence de leurs principes. Le sexe masculin est produit par le soleil, le féminin par la terre ; et celui qui est composé des deux autres par la lune, qui participe de la terre et du soleil. Ils tenaient de ces principes leur forme et leur manière de se mouvoir, qui est sphérique. Leurs corps étaient robustes et vigoureux et leurs courages élevés ; ce qui leur inspira l'audace de monter jusqu'au ciel et de combattre contre les dieux, ainsi qu'Homère l'écrit d'Ephialtès et d'Otus.
C’est alors que Zeus examina avec les dieux le parti qu'il fallait prendre. L'affaire n'était pas sans difficulté : les dieux ne voulaient pas anéantir les hommes, comme autrefois les géants, en les foudroyant, car alors le culte et les sacrifices que les hommes leur offraient auraient disparu ; mais, d'un autre côté, ils ne pouvaient supporter une telle insolence. Enfin, après de longues réflexions, Zeus s'exprima en ces termes : «Je crois avoir trouvé, dit-il, un moyen de conserver les hommes et de les rendre plus retenus, c'est de diminuer leurs forces. Je les séparerai en deux : par là, ils deviendront faibles ; et nous aurons encore un autre avantage, ce sera d'augmenter le nombre de ceux qui nous servent : ils marcheront droits, soutenus de deux jambes seulement ; et si, après cette punition, ils conservent leur audace impie et ne veulent pas rester en repos, je les séparerai de nouveau, et ils seront réduits à marcher sur un seul pied, comme ceux qui dansent sur des outres à la fête de Bacchus ».

2

Après cette déclaration, le dieu fit la séparation qu'il venait de résoudre ; et il la fit de la manière que l'on coupe les oeufs lorsqu'on veut les saler, ou qu'avec un cheveu on les divise en deux parties égales. Il commanda ensuite à Apollon de guérir les plaies, et de placer le visage et la moitié du cou du côté où la séparation avait été faite : afin que la vue de ce châtiment les rendît plus modestes. Apollon mit le visage du côté indiqué, et ramassant les peaux coupées sur ce qu'on appelle aujourd'hui le ventre, il les réunit à la manière d'une bourse que l'on ferme, n'y laissant au milieu qu'une ouverture qu'on appelle nombril. Quant aux autres plis, qui étaient en très grand nombre, il les polit, et façonna la poitrine avec un instrument semblable à celui dont se servent les cordonniers pour polir le cuir, et laissa seulement quelques plis sur le ventre et le nombril, comme des souvenirs de l'ancien châtiment. Cette division étant faite, chaque moitié cherchait à s’unir de nouveau avec celle dont elle avait été séparée ; et, lorsqu'elles se trouvaient toutes les deux, s’enlaçaient mutuellement, ardamment, dans le désir de se confondre à nouveau en un seul être, qu'elles finissaient par mourir de faim et d'inaction, ne voulant rien faire l'une sans l'autre. Quand l'une des deux moitiés périssait, celle qui subsistait en cherchait une autre, à laquelle elle s'unissait de nouveau, soit que ce fût la moitié d'une femme entière, ce que nous appelons maintenant une femme, soit que ce fût une moitié d'homme : et ainsi l’espèce s’éteignait.
Mais Zeus, pris de pitié, imagine un autre expédient : il met par-devant les organes sexuels, car auparavant ils étaient par derrière : on concevait et l'on répandait la semence, non l'un dans l'autre, mais à terre ; comme les cigales. Zeus mit donc les organes par-devant, et, de cette manière, il rendit possible un engendrement mutuel, l’organe mâle pouvant pénétrer dans l’organe femelle. Si, dans l’accouplement, un homme s’unissait à une femme, des enfants en étaient le fruit, et l’espèce se perpétuerait. En revanche, si le mâle venait à s'unir au mâle, la satiété les séparait bientôt, et, se calmant, se tourneraient vers l’action et ils se préoccuperaient d’autre chose dans l’existence.
De là vient l'amour que nous avons naturellement les uns pour les autres : il nous ramène à notre nature primitive, il fait tout pour réunir les deux moitiés et pour nous rétablir dans notre ancienne perfection, pour guérir notre nature humaine. Chacun de nous n'est donc qu'une moitié d'homme qui a été séparée de son tout de la même manière qu'on coupe une sole en deux. Ces moitiés cherchent toujours leurs moitiés. Les hommes qui proviennent de la séparation de ces êtres composés qu'on appelait androgynes aiment les femmes ; et la plupart des hommes qui trompent leur femme appartiennent à cette espèce, à laquelle appartiennent aussi les femmes qui aiment les hommes et trompent leur mari. Mais les femmes qui proviennent de la séparation des femmes primitives ne font pas grande attention aux hommes, et sont plus portées vers les femmes : à cette espèce appartiennent les lesbiennes. De même, les hommes qui proviennent de la séparation des hommes primitifs cherchent le sexe masculin. Tant qu'ils sont jeunes, ils aiment les hommes : ils se plaisent à coucher avec eux et à être dans leurs bras : ils sont les premiers parmi les adolescents et les adultes, comme étant d'une nature beaucoup plus mâle. C'est bien à tort qu'on les accuse d'être sans pudeur, car ce n'est pas faute de pudeur qu'ils agissent ainsi ; c'est parce qu'ils ont une âme forte, un courage mâle et un caractère viril qu'ils recherchent leurs semblables : et ce qui le prouve, c'est qu'avec l'âge ils se montrent plus capables que les autres à servir l'Etat. Devenus hommes, à leur tour ils aiment les jeunes gens ; et s'ils se marient, s'ils ont des enfants, ce n'est pas que la nature les y porte, c'est que la loi les y contraint. Ce qu'ils aiment, c'est de passer leur vie les uns avec les autres dans le célibat. Que les hommes de ce caractère aiment ou soient aimés, leur unique but est de se réunir à qui leur ressemble.
Lorsqu'il arrive à celui qui aime les jeunes gens ou à tout autre de rencontrer sa moitié, la sympathie, l'amitié, l'amour les saisit l'un et l'autre d'une manière si merveilleuse qu'ils ne veulent plus en quelque sorte se séparer, ne fût-ce qu’un moment. Ces mêmes hommes, qui passent toute la vie ensemble, ne sauraient dire ce qu'ils veulent l'un de l'autre ; car, s'ils trouvent tant de douceur à vivre de la sorte, il ne paraît pas que les plaisirs des sens en soient la cause.

3


Evidemment leur âme désire quelque autre chose qu'elle ne peut exprimer, mais qu'elle devine et qu'elle donne à entendre. Et quand ils sont couchés dans les bras l'un de l'autre, si Héphaïstos, leur apparaissant avec les instruments de son art, leur disait : « 0 hommes, qu'est-ce que vous demandez réciproquement ?» et que, les voyant hésiter, il continuât à les interroger ainsi : «Ce que vous voulez, n'est-ce pas d'être tellement unis ensemble que ni jour ni nuit vous ne soyez jamais l'un sans l'autre ? Si c'est là ce que vous désirez, je vais vous fondre et vous mêler de telle façon que vous ne serez plus deux personnes, mais une seule, et que, tant que vous vivrez, vous vivrez d'une vie commune, comme une seule personne, et que, quand vous serez morts, là aussi, dans la mort, vous serez réunis de manière à ne pas faire deux personnes, mais une seule. Voyez donc encore une fois si c'est là ce que vous désirez, et ce qui peut vous rendre parfaitement heureux ?» ; oui, si Vulcain leur tenait ce discours, il est certain qu'aucun d'eux ne refuserait ni ne répondrait qu'il désire autre chose, persuadé qu'il vient d'entendre exprimer ce qui de tout temps était au fond de son âme : le désir d'être uni et confondu avec l'objet aimé de manière à ne plus former qu'un seul être avec lui.
La cause en est que notre nature primitive était une, et que nous étions un tout complet. On donne le nom d'amour au désir et à la volonté de retrouver cet ancien état. Primitivement, comme je l'ai déjà dit, nous étions un ; mais depuis, en punition de notre iniquité, nous avons été séparés par Zeus, comme les Arcadiens par les Lacédémoniens. Nous devons donc prendre garde à ne commettre aucune faute contre les dieux, de peur d'être exposés à une seconde division et de devenir comme ces figures représentées de profil dans les bas-reliefs, qui n'ont qu'une moitié de visage, ou comme des dés coupés en deux.
Il faut donc que tous tant que nous sommes nous nous exhortions mutuellement à honorer les dieux, afin d'éviter un nouveau châtiment et de revenir à notre unité primitive, sous les auspices et la conduite de l'Amour. Que personne ne se mette en guerre avec l'Amour ; or, c'est se mettre en guerre avec lui que de s'attirer la haine des dieux. Tâchons donc de mériter la bienveillance et la faveur de ce dieu, et il nous fera retrouver l'autre partie de nous-mêmes, bonheur qui n'arrive aujourd'hui qu'à très peu de gens. Qu'Eryximaque ne s'avise pas de critiquer ces dernières paroles, comme si elles faisaient allusion à Pausanias et à Agathon ; car peut-être sont-ils de ce petit nombre, et appartiennent-ils l'un et l'autre à la nature masculine. Quoi qu'il en soit, je suis certain que nous serons tous heureux, hommes et femmes, si, grâce à l'Amour, nous retrouvons chacun notre moitié, et si nous retournons à l'unité de notre nature primitive. Or, si cet ancien état est le meilleur, nécessairement celui qui en approche le plus est, dans ce monde, le meilleur : c'est de posséder un bien-aimé selon ses désirs. Si donc nous devons louer le dieu qui nous procure ce bonheur, louons Eros, dieu de l’amour, qui non seulement nous sert beaucoup en cette vie en nous conduisant vers ce qui nous correspond, mais encore nous donne les plus puissants motifs d'espérer que, si nous rendons fidèlement aux dieux ce qui leur est dû, il nous rétablira dans notre première nature après cette vie, guérira nos infirmités et nous donnera un bonheur complet. Voilà, Eryximaque, mon discours sur l'amour. Il diffère du tien ; mais je t'en conjure encore une fois, ne t'en moque pas, afin que nous puissions entendre les autres ou plutôt les deux autres, car Agathon et Socrate sont les seuls qui n'aient pas encore parlé ».

PLATON, Le Banquet, 190 b – 193 e (trad. Dacier et Grou revue et modifiée).

Le Torse archaïque d'Apollon, Rainer Maria Rilke

Archaischer Torso Apollos
Wir kannten nicht sein unerhörtes Haupt,
darin die Augenäpfel reiften. Aber
sein Torso glüht noch wie ein Kandelaber,
in dem sein Schauen, nur zurückgeschraubt,
sich hält und glänzt. Sonst könnte nicht der Bug
der Brust dich blenden, und im leisen Drehen
der Lenden könnte nicht ein Lächeln gehen
zu jener Mitte, die die Zeugung trug.
Sonst stünde dieser Stein enstellt und kurz
unter der Shultern durchsichtigem Sturz
und flimmerte nicht so wie Raubtierfelle;
und brächte nicht aus allen seinen Rändern
aus wie ein Stern: denn da ist keine Stelle,
die dich nicht sieht. Du mußt dein Leben ändern.

Archaic Torso of Apollo

We cannot know his legendary head
with eyes like ripening fruit. And yet his torso
is still suffused with brilliance from inside,
like a lamp, in which his gaze, now turned to low,

gleams in all its power. Otherwise
the curved breast could not dazzle you so, nor could 
a smile run through the placid hips and thighs
to that dark center where procreation flared.

Otherwise this stone would seem defaced
beneath the translucent cascade of the shoulders
and would not glisten like a wild beast's fur:

would not, from all the borders of itself,
burst like a star: for here there is no place
that does not see you. You must change your life.

Translation by Stephen Mitchell
Archaic Torso of Apollo
We never knew his fantastic head,
where eyes like apples ripened. Yet
his torso, like a lamp, still glows
with his gaze which, although turned down low,
lingers and shines. Else the prow of his breast
couldn't dazzle you, nor in the slight twist
of his loins could a smile run free
through that center which held fertility.
Else this stone would stand defaced and squat
under the shoulders' diaphanous dive
and not glisten like a predator's coat;
and not from every edge explode
like starlight: for there's not one spot
that doesn't see you. You must change your life.
Translated by H. Landman

TORSE 
      ARCHAIQUE D'APOLLON

Nous n'avons  pas connu sa tête prodigieuse
où les yeux mûrissaient leurs prunelles.
Pourtant son torse luit encore ainsi qu'un candélabre,
c'est son regard, simplement dévrillé en lui,

qui s'y tient rayonnant. L'orbe de la poitrine
ne pourrait sinon t'éblouir, et de la douce
courbe lombaire un sourire ne pourrait fuir
vers ce centre porteur auparavant du sexe.

Cette pierre sinon, dégradée et tronquée,
aurait pour loi le limpide à-pic des épaules
et ne chatoierait pas comme la peau d'un fauve;

et n'éclaterait pas hors de tous ses contours
à la façon d'un astre : il n'existe point là
d'endroit qui ne te voie. Il faut changer ta vie.

Torse archaïque d'Apollon

Nous n'aurons jamais vu sa tête légendaire
Aux yeux mûrs comme des fruits
Mais nous voyons son torse encore incandescent
Flamme vacillante pourtant, mais qui
Perdure et brille.

Sans elle d'où viendrait la lumière
Qui suit, éblouissante, la courbure des muscles?
Et comment le sourire issu du fin mouvement des reins
Coulerait-il jusqu'au sexe lourd, à la mi-temps du corps?

Sans elle ce roc se dresserait
Court et difforme à la chute diaphane des épaules;
Il ne scintillerait pas comme une peau de fauve.

Il ne jaillirait pas hors de ses limites
Comme font les étoiles: car il n'y pas de lieu
D'où l'on ne t'aperçoit. Tu dois changer ta vie!

dimanche 11 décembre 2011

The Matrix Reloaded, Andy & Larry Wachowski (2003) : The Neo/Architect Dialogue

Architect: Hello Neo.

Neo: Who are you?

Architect: I am the Architect. I created the Matrix. I have been waiting for you. You have many questions and although the process has altered your consciousness you remain irrevocably human, ergo some of my answers you will understand and some of them you will not. Concordantly, while your first question maybe the most pertinent you may or may not realize it is also the most irrelevant.

Neo: Why am I here?

Architect: Your life is the sum of a remainder of an unbalanced equation inherent in the programming of the matrix. You are the eventuality of an anomaly which despite my sincerest efforts I have been unable to eliminate from what is otherwise a harmony of mathematical precision. While it remains a burden deciduously avoided it is not unexpected and thus not beyond a measure of control. Which has led you inexcerably here?

Neo: You haven¡'t answered my question.

Architect: Quite right. Interesting, that was quicker then the others.

Neo: Others? (What others? How many? Answer me)

Architect: The Matrix is older then you know. I prefer counting from the emergence of one integral anomaly to the emergence of the next. In which case this is the sixth version.

Neo: Then there are only two possible explanations, either no one told me, or no one knows.

Architect: Precisely, as you are undoubtedly gathering the anomaly is systemic. Creating fluctuations in even the most simplistic equations.

Neo: Choice, the problem is choice.
[PAUSE, We can see Trinity fighting]
Architect: The first matrix I designed was quite naturally perfect; it was a work of art, flawless, sublime. A triumph equaled only by its monumental failure. The inevitability of its doom is apparent to me now as a consequence of the imperfection inherent in every human being. Thus, I redesigned it, Based on your history to more accurately reflect the varying grotesqueries of your nature. However I was again frustrated my failure. I have since come to understand that the answer eluded me because it required a lesser mind a mind less bound by the parameters of perfection. Thus the answer was stumbled upon by another and intuitive program, initially created to investigate certain aspects of the human psyche. If I am the father of the matrix, she would undoubtedly be its mother.

Neo: The Oracle

Architect: Please, as I was saying she stumbled upon a solution whereby nearly 99 percent of all test subjects accepted the program as long as they were given a choice, even if they were only aware of the choice at an unconscious level. While this answered function it was obviously fundamentally flawed thus creating the otherwise contradictory systemic anomaly. That if left unchecked might threaten the system itself, ergo those that refuse the program while the minority if unchecked would cause an escalating probability of disaster.

Neo: This is about
Zion

Architect: You are here because
Zion is about to be destroyed. Its every living inhabitant terminated, its entire existence eradicated.

Neo: Bullshit.

Architect: Denial is the most predictable of all human responses. But, rest assured, this will be the sixth time we have destroyed it. And we have become exceedingly efficient at it.

[PAUSE, We can see Trinity fighting]
The function of the One is now to return to the source allowing a temporary dissemination of the code you carry reinserting the prime program after which you will be required to select from the matrix 23 individuals, 16 female 7 male, to rebuild Zion. Failure to comply with this process will result in a cataclysmic system crash killing everyone connected to the matrix. Which, coupled with the extermination of Zion will ultimately result in the extinction of the entire human race.

Neo: You won't let it happen, you can't. You need human beings to survive.

Architect: There are levels of survival we are prepared to accept. However the relevant issue is whether you are ready to accept the responsibility for the death of every human being in this world. It is interesting reading your reactions. Your 5 predecessors were by design based on a similar predication a contingent affirmation that was meant to create a profound attachment to the rest of your species facilitating the function of the One. While the others experienced this in a very general way your experience is far more specific, Vis-à-vis love.

Neo: Trinity

Architect: A propos, she entered the matrix to save your life at the cost of her own.

Neo: No

Architect: Which brings us at last to the moment of truth, wherein the fundamental flaw is ultimately expressed and the anomaly revealed as both beginning and end. There are two doors, the door to your right leads to the source and the salvation of
Zion, the door to your left leads back to the matrix to her and to the end of your species. As you adequately put, the problem is choice. But we already know we you are going to do don't we? Already I can see the chain reaction the chemical precursors that signal the onset of an emotion designed specifically to overwhelm logic and reason. An emotion that is already blinding you from the simple and obvious truth, she is going to die and there is nothing you can do to stop it. Hope, it is the quintessential human delusion simultaneously the source of your greatest strength and your greatest weakness.

Neo: If I were you, I would hope that we don't meet again.

Architect: We won't.

samedi 10 décembre 2011

Rosa Meditativa, Salvador Dali, Huile sur toile, 36 x 28 cm, 1958

" La beauté convulsive " in L'amour fou, André Breton (1937)

« La beauté convulsive sera érotique- voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas »


Hedy Lamarr dans Extase (1933) de Gustav Machatý, premier film non-pornographique montrant une relation sexuelle et un orgasme féminin...et ce en ne filmant que les visages. Bouleversant. La scène de baignade nue dans le laque est aussi magnifique. Le film est fougueux et poétique, comme sa figure chevaline galopant dans les bois.

"L’esprit libre, notion relative" in Humain trop Humain I, Friedrich Nietzsche (1878)

V. Caractères de haute et basse civilisation

225. L’esprit libre, notion relative

On appelle esprit libre celui qui pense autrement qu’on ne s’y
attend de sa part en raison de son origine, de son milieu, de son état
et de sa fonction, ou en raison des opinions régnantes de son temps.
Il est l’exception, les esprits asservis sont la règle ; ce que ceux-ci lui
reprochent, c’est que ses libres principes ou bien ont leur source
dans le désir de surprendre ou bien permettent même de conclure à
des actes libres, c’est-à-dire de ceux qui sont inconciliables avec la
morale asservie. On dit aussi parfois que tel ou tel de ces libres
principes peut se déduire de quelque travers et exaltation de l’esprit ;
mais seule parle ainsi la méchanceté, qui ne croit pas elle-même à ce
qu’elle dit, mais veut s’en servir pour nuire : car l’esprit libre porte
d’habitude le témoignage de la précellence et de l’acuité de son
intelligence écrit sur son visage, si lisible que les esprits asservis le
comprennent fort bien. Mais les deux autres dérivations de sa libre
pensée procèdent d’une intention sincère ; le fait est que beaucoup
d’esprits libres prennent aussi naissance de l’une ou de l’autre façon.
Mais ce pourrait être une raison pour que les principes auxquels ils
sont parvenus par ces moyens soient tout de même plus vrais et plus
sûrs que ceux des esprits asservis. Ce qui compte dans la
connaissance de la vérité, c’est qu’on la possède, et non pas sous
quelle impulsion on l’a recherchée, par quelle voie on l’a trouvée. Si
les esprits libres ont raison, les esprits asservis ont tort, peu importe
si les premiers sont arrivés au vrai par immoralité et les autres restés
jusqu’à ce jour attachés au faux par moralité. − Au demeurant, il
n’entre pas dans la nature de l’esprit libre d’avoir des vues plus
justes, mais bien plutôt de s’être affranchi des traditions, que ce soit
avec bonheur ou avec insuccès. Mais d’ordinaire, il aura tout de
même la vérité de son côté, ou tout au moins l’esprit de recherche de
la vérité : il veut, lui, des raisons, les autres, des croyances.

Maurice, Edward Morgan Forster (written 1914, published in 1971)

"He led the beloved up a narrow and beautiful path, high above either abyss. It went on until the final darkness—he could see no other terror—and when that descended they would at all events have lived more fully than either saint or sensualist, and would have extracted to their utmost the nobility and sweetness of the world. He edu­cated Maurice, or rather his spirit educated Maurice's spirit, for they themselves became equal. Neither thought "Am I led; am I leading?" Love had caught him out of triviality and Maurice out of bewilderment in order that two imperfect souls might touch perfection."

" Il [Clive] entraîna le bien-aimé le long d'une voie étroite et sublime, très loin au-dessus de toutes les contingences. Rien sinon la mort n’interromprait leur course, et quand enfin les ténèbres descendraient sur eux, ils auraient au moins vécu plus pleinement que n'importe quel saint ou sensualiste, et exprimé jusqu'à son essence toute la noblesse et la douceur du monde. Il éleva Maurice, ou plutôt son âme éleva celle de Maurice, car entre eux ils étaient devenus égaux. Ni l'un ni l'autre ne se demandait lequel dirigeait l'autre. L'amour avait arraché Clive à la confusion des sens et Maurice à la confusion des idées afin que deux âmes imparfaites atteignent à la perfection."

Hugh Grant et James Willby dans Maurice, James Ivory (1987)