Que savons-nous ? Et sommes-nous même assurés d'exister ? Actuellement différents de ce que nous étions à la seconde précédente, et de ce que nous deviendrons dans un instant, nous assistons à l'évanouissement perpétuel des phénomènes du monde extérieur, aussi bien qu'à celui de nos états de conscience.

André Rolland de Renéville

dimanche 18 novembre 2012

O let not Time deceive you, You cannot conquer Time


BULLETT: What is the difference between a polka dot and a circle? What does a polka dot mean that a circle does not?
YAYOI KUSAMA: Dots are cubic, but circles are flat. Dots are easy to move in the universe. Moon, stars, and people—we are made of dots. And they are infinity. Circles are not infinity, and have no active movements. They are controlled by rational human minds.




dimanche 30 septembre 2012

Confession of a Muslim Psychedelic Tea Drinker

 By Michael Muhammad Knight
Vice.Com

The place of drugs in Islam is much more complicated than most people recognize. Because the Qur’an only speaks specifically of wine, Muslims have had to figure out Islamic positions on other substances. The absence of a Qur’anic verse or authentic statement from the Prophet on weed, for example, allowed for a number of possibilities. Some thinkers used qiyas (analogical reasoning) to make a ruling on weed derived from rulings on alcohol: If wine is intoxicating and forbidden in the Qur’an, then all intoxicants belong in the category of wine. Because wine is haram (prohibited), then so must be hashish (which, lacking our modern distinctions, included pot).
Other Muslims, based on a more literal reading of the Qur’an, argued that no one has a right to forbid what the Qur’an itself does not. They felt that for wine and hashish to share one quality does not mean that they are automatically in the same class of substance. The Qur’an’s silence on weed empowered both the herb’s opponents and defenders.
Muslims invented the coffee house as we now know it, and were responsible for coffee finding its way into Christian Europe. But when coffee first made its way from Ethiopia into Yemen and up the Arabian Peninsula, some Muslims challenged its appropriateness. It was clear to early observers that coffee had an effect on people, but legal thinkers had to decide whether these effects qualified as intoxication. More threatening than coffee’s impact on the body, however, was the drink’s social consequence. Like wine drinkers, coffee drinkers tended to assemble in groups. Could the coffee house invite the same troublesome activities that surrounded taverns? Moreover, coffee appeared to assist Sufis in their all-night gatherings, leading some to consider that prohibiting coffee would also aid in the suppression of controversial religious practices and subversive teachings.
So there have been times and places in which Islam seemed to be OK with weed, and also contexts in which Islam condemned coffee. The Muslim position on a given substance, therefore, is less about what “Islam” says than the interpretive choices that Muslims make. These histories informed my forthcoming book, Tripping with Allah, in which I attempt to place Islamic tradition in dialogue with ayahuasca, a psychoactive tea made from the Amazon’s Banisteriopsis caapi vine. My friends who drank ayahuasca said that it had healing qualities; the vine is supposed to pull out all the poisonous shit that’s inside of you.
The book’s dialogue takes place within my own self, as a Muslim drinking ayahuasca. I had no expectations for what would be said to me by the weird insect creatures, flying jaguars, or whatever people saw on ayahuasca, but I brought my own materials to the sacred vine. I came to ayahuasca as a Muslim, with the scriptures, myths, ritual acts, and historic personalities of multiple Islamic traditions in my head. Ayahuasca worked with these things, shaking them up to be reprocessed. Inside me, the chemicals met the texts and their mashing together gave me some useful craziness.
I understand why the self-appointed protectors of my chosen tradition might oppose ayahuasca. Jumbling up your consciousness can rip holes in the fences that keep a scripture’s meanings stable. Tripping with Allah could be the most heretical and blasphemous material that I have produced in roughly a decade of writing crazy books, but it brought me to an entirely different place. I drove straight for the edge of the cliff, but I ended up flying.
The day after my ayahuasca trip, I went to the mosque and did some regular Muslim prayers, feeling as though I had been cleansed of so much angst and alienation that had fueled my weird and punky shit over the years. I can even go to a Salafi mosque and just look for the good in whatever they have. Say what you want about the Salafis, but it’s one way—not the only one—of loving the Prophet.
I don’t know what it all means. I still hold unpopular opinions, fail to meet many Muslims’ checklists for doctrinal “orthodoxy,” and many would take offense that I owe much of my big Muslim reconciliation to psychedelic shamanism. I might have been heading this way already, but it was largely due to an unspeakable drug-induced hallucination that I could reopen my heart to the Prophet and the sunna, his sublime example, which I had kept at arm’s length for years. Whether or not it makes sense, this is my new condition. For me, ayahuasca is an Islamic drug.

mardi 19 juin 2012

L'enfer


  
Laeti et Errabundi

Les courses furent intrépides
(Comme aujourd'hui le repos pèse !)
Par les steamers et les rapides.
(Que me veut cet at home obèse ?)


Nous allions, - vous en souvient-il,

Voyageur où ça disparu ? -
Filant légers dans l'air subtil,
Deux spectres joyeux, on eût cru !


Car les passions satisfaites

Insolemment outre mesure
Mettaient dans nos têtes des fêtes
Et dans nos sens, que tout rassure,


Tout, la jeunesse, l'amitié,

Et nos cœurs, ah ! que dégagés
Des femmes prises en pitié
Et du dernier des préjugés,



Laissant la crainte de l'orgie

Et le scrupule au bon ermite,
Puisque quand la borne est franchie
Ponsard ne veut plus de limite.


Entre autres blâmables excès

Je crois que nous bûmes de tout,
Depuis les plus grands vins français
Jusqu'à ce faro, jusqu'au stout,


En passant par les eaux-de-vie

Qu'on cite comme redoutables,
L'âme au septième ciel ravie,
Le corps, plus humble, sous les tables.


Des paysages, des cités

Posaient pour nos yeux jamais las ;
Nos belles curiosités
Eussent mangé tous les atlas.


Fleuves et monts, bronzes et marbres,

Les couchants d'or, l'aube magique,
L'Angleterre, mère des arbres,
Fille des beffrois, la Belgique,


La mer, terrible et douce au point, —

Brochaient sur le roman très cher
Que ne discontinuait point
Notre âme, — et quid de notre chair ?…



Le roman de vivre à deux hommes

Mieux que non pas d'époux modèles,
Chacun au tas versant des sommes
De sentiments forts et fidèles.


L'envie aux yeux de basilic

Censurait ce mode d'écot :
Nous dînions du blâme public
Et soupions du même fricot.


La misère aussi faisait rage

Par des fois dans le phalanstère :
On ripostait par le courage,
La joie et les pommes de terre.


Scandaleux sans savoir pourquoi,

(Peut-être que c'était trop beau)
Mais notre couple restait coi
Comme deux bons porte-drapeau,


Coi dans l'orgueil d'être plus libres

Que les plus libres de ce monde,
Sourd aux gros mots de tous calibres,
Inaccessible au rire immonde.


Nous avions laissé sans émoi

Tous impédiments dans Paris,
Lui quelques sots bernés, et moi
Certaine princesse Souris,



Une sotte qui tourna pire...

Puis soudain tomba notre gloire,
Tels nous des maréchaux d'empire
Déchus en brigands de la Loire,


Mais déchus volontairement.

C'était une permission,
Pour parler militairement,
Que notre séparation,


Permission sous nos semelles,

Et depuis combien de campagnes !
Pardonnâtes-vous aux femelles ?
Moi j'ai peu revu ces compagnes,


Assez toutefois pour souffrir.

Ah, quel cœur faible que mon cœur !
Mais mieux vaut souffrir que mourir
Et surtout mourir de langueur.


On vous dit mort, vous. Que le Diable

Emporte avec qui la colporte
La nouvelle irrémédiable
Qui vient ainsi battre ma porte !


Je n'y veux rien croire. Mort, vous,

Toi, dieu parmi les demi-dieux !
Ceux qui le disent sont des fous.
Mort, mon grand péché radieux,



Tout ce passé brûlant encore

Dans mes veines et ma cervelle
Et qui rayonne et qui fulgore
Sur ma ferveur toujours nouvelle !


Mort tout ce triomphe inouï

Retentissant sans frein ni fin
Sur l'air jamais évanoui
Que bat mon cœur qui fut divin !


Quoi, le miraculeux poème

Et la toute-philosophie,
Et ma patrie et ma bohème
Morts ? Allons donc ! tu vis ma vie !

Paul Verlaine 

A l'annonce de la mort de Rimbaud

mercredi 13 juin 2012

Best Of Wikipedia

J'ai un usage très personnel de Wikipédia qui m'amène vers des pages très intéressantes, que ce soit pour leur contenu ,leur titre , la façon dont la page est présentée et bien sûr les trois à la fois.

On pourrait tirer mille et une conclusion de cette liste mais pour l'instant j'en n'en formulerais qu'une seule, et objective : je mesure le niveau et la suprématie de l'anglosphère !  Il y a des concepts et des idées VRAIMENT important(e)s qui sans wikipédia, pour le lieu commun n'existent pas  Certains, moi, m'ont changé la vie. 

Bon, langage, ouverture des possibilités ou enfermement ? Le concept existe-t-il à partir du moment où il est énoncé ? Prisonniers d'une langue; prisonniers d'un système de pensée ? On a trouvé le juste mot, nous sommes libérés ! Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement ? Éternel débat, débat éternel.

NOTES : 1.Cette liste est volontairement fourre-tout. 2.N'ont pas été inclues les pages extrêmement surprenantes en terme de densité graphique (c'était une autre catégorie des "pages très intéressantes") par rapport au titre de l'article sa résonance dans les esprits etc. Par exemple, je ne sais pas qui a passé tout son temps à si bien organiser la page de Pierre Jean Jouve mais ces gens-là sont peut-être les mêmes qui ont écrit la page de Michael Jackson. 3. N'ont pas été inclues les pages extrêmement surprenantes, celles où l'on voit une coquille, une moquerie, et qui sera bientôt corrigée. (Je me souviens d'une aberration sur la page de Choderlos de Laclos qui m'avait hérissé tout le corps !) Sans doutes des pervers.

De quoi rendre humble, nous rappeler que wikipédia est une encyclopédie participative, que si l'on n'est pas satisfait de la qualité, de la tournure que prennent les choses etc. et bien nous n'avons qu'à les changer nous-mêmes , et que le partage du savoir est toujours une entreprise noble.

 

Buffalo buffalo Buffalo buffalo buffalo buffalo Buffalo buffalo 

After Man: a Zoology of the Future

Chungking Mansions

Strap-on dildo 

Arabe du coin 

Terraformation  

Om

 Chronologie géographique chez les Grecs

0 (year) 

Gilles de Rais

Unitarian Universalism 

The Truman Show delusion

Triangular theory of love

 Late Modernity  

Racisme

Nazca Lines

Atavus

Monad (philosophy)

Girlfag and Guydyke

Syzygye (homonymie) et la page d'homonymie en anglais, plus fournie :Syzygy

Casse-toi, pauv' con !

Antéros

Les catégories Controverse en religion et Religious controversies et Controversie religiose ont des articles très différents (je n'ai pas regardé les autres langues)

Liste des phobies

Green children of Woolpit

Hypothèse du zoo 

Queer Theory

Ibn Battûta 

Manie

Thelema

Serendipity  Et l'article en français ils se sont bien amusés (les québecois sans doute) : Sérendipité

Big In Japan

Manuscrit de Voynich / Voynich Manuscript

Sublimation (psychanalyse)

Expressivism

Sedlec Ossuary 

Elizabethan Era

Master/Slave (BDSM) 

Bahaïsme

Mokusatsu

Stanford Prison Experiment

Lilith 

Rostow's stages of growth 

J'ai un usage très personnel de Wikipédia . : CORRECTION: C'est pas faux, mais non c'est une connerie de bobo, dès qu'on tape quelque chose dans un moteur de recherche on tombe sur Wikipédia, de toute façon, c'est la première proposition. Mais c'est vrai que ce n'est pas forcément évident  de savoir se servir d'internet, il ne suffit pas d'avoir un navigateur et un moteur de recherche pour pouvoir profiter pleinement du numérique. Je n'en suis pas encore là moi-même quand je vois les journées que je perds...ah la la...mais je pense être plus loin que ceux qui font "des jeux"...

mardi 12 juin 2012

Mai/Juin 2012: Où l'on découvre qu'il suffit de plonger dans les archives de la chanson française du siècle dernier pour tout comprendre à la vie. ~ Ah, les imbéciles heureux qui sont nés quelque part....

 La ballade des gens qui sont nés quelque part

George Brassens


C'est vrai qu´ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n´ont qu´un seul point faible et c´est être habités
Et c'est être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Maudits soient ces enfants de leur mère patrie

Empalés une fois pour toutes sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musées leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu´à loucher
Qu´ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
Ou même de Montcuq il s´en flattent mazette
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Le sable dans lequel douillettes leurs autruches

Enfouissent la tête on trouve pas plus fin
Quand à l´air qu´ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs bulles de savon c´est du souffle divin
Et petit à petit les voilà qui se montent
Le cou jusqu´à penser que le crottin fait par
Leurs chevaux même en bois rend jaloux tout le monde
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

C´est pas un lieu commun celui de leur connaissance

Ils plaignent de tout cœur les petits malchanceux
Les petits maladroits qui n´eurent pas la présence
La présence d´esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Mon dieu qu´il ferait bon sur la terre des hommes

Si on y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout foisonne
La race des gens du terroir des gens du cru
Que la vie serait belle en toutes circonstances
Si vous n´aviez tiré du néant tous ces jobards
Preuve peut-être bien de votre inexistence
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part



Je suis choquée, comme dans qui a subi un ébranlement grave pas comme dans qui a été blessé dans ses idées, ses habitudes, etc..., (cf. cnrtl.fr, = ma Bible) je n'avais jamais entendu cette chanson avant et je ne m'attendais pas à être si touchée. Ne l'aurais-je vraiment pas entendue avant ? Après *vérification* oui oui la chanson n'était pas dans le coffret Brassens de 48 chansons que jai chez moi, mais je ne m'attendais vraiment pas à tomber sur ça en tapant "imbécile heureux" sur Google. La notion n'a rien juste à voir.


Bon, back to 2012. Enfant de mon époque, je m'en vais trahir le Divin Marquis, Hugues Rebell, Anaïs Nin, Bataille, Genet, Dennis Cooper, et les autres en lisant 50 shades of Grey. Même pas honte, le mommy porn 20 ans trop tôt ça peut être marrant, non ?  



(Oh putain. Lirais-je vraiment autant de bouquins de littérature érotique à mon âge ? Ma liste n'est même pas complète.  Et qu'une seule femme ! Bon, ma déicision est prise: va brûler Catherine Millet, j'arriiiiiive !) 





lundi 11 juin 2012

Etremort.fr : Et si vous étiez déjà mort ?

Avant que ce réquisitoire contre les pubs de l'armée ne disparaisse, il faut en parler, le mentionner. La vidéo est très belle et le sujet est important.
Après recherche, il s'avère que le texte est issu du roman Demande à la poussière de l'écrivain John Fante.
(Ce nom me dit quelque chose...Mon chien stupide ?)


Tout ce qui en moi était bon s'est mis à vibrer dans mon coeur à ce moment précis, tout ce que j'avais jamais espéré de l'existence et de bon sens profond, obscur. C'était ça, le mutisme absolu, la placidité opaque de la nature complétement indifférente à la grande ville, le désert sous les rues et la chaussée ; et, encerclant ces rues, le désert qui n'attendant qui n'attendait que la mort de la ville pour la recouvrir de ses sables éternels. J'étais soudain investi d'une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations, s'éteignent et retournent à l'obscurité. Les hommes étaient bien braves, si c'était ça, et j'étais fier d'en faire partie. Tout le mal de par le monde n'était donc pas mauvais en soi, mais inévitable et bénéfique ; il faisait partie de cette lutte éternelle pour contenir le désert. [...] et ce soir dans cette cité de fenêtres éteintes il s'en trouvait des millions comme lui et comme moi, aussi impossibles à différencier que des brin d'herbe mourante. C'était déjà assez dur comme ça de vivre, mais mourir, c'était la tâche suprême. 



C'est vrai que les pubs jeux-vidéos de l'armée depuis toujours me choquent énormément. Ce n'est absolument pas normal ni digne de cette instance de réaliser de la vraie propagande malsaine sur les sujets aussi importants que sont la sécurité, la puissance, le prestige de la cinquième puissance mondiale. Parce que oui, des citoyens français meurent, en 2011 nous étions en Afghanistan, en Somalie, en Libye, en Côte d'Ivoire, on nous le cache mais nous sommes actuellement en guerre, mais pas vraiment, donc l'armée, il s'agit surtout d'une question de prestige nationale.Mais d'un côté, oui, comment rendre l'armée attractive ? Je n'ai aucune ambition militaire mais je peux affirmer que ma JAPD a lamentablement échoué sur tout ce qu'elle proposait, ou presque, et aurait tué toute ambition naissante s'il y en avait eu une.
Néanmoins  j'aurais tendance à être pour un retour du service militaire. Ne serait-ce que pour renforcer "l'identité nationale" (ah ah). 

Non mais sérieusement si demain nous sommes en guerre, personne ne saura quoi faire ! 
Alors on en sera réduit à s'envoyer des pdf de Instructions pour une prise d'armes d' Auguste Blanqui, de L'Insurrection qui vient du Comité Invisible, de La désobéissance civile de Thoreau, des écrits de Ted Kaczynski ou du Che ou même d'Al-Qaeda, de Marx et autres Proudhon,  et même d'Anders Breivik allez, au final les extrêmes se rejoignent et énervés comme nous le serons nous mettrons tout dans le même sac. 
Et comme la plupart des gens auront la flemme de les lire, les leaders naturels seront ceux qui les auront bien étudiés, ou ceux à qui on les aura bien résumés et qui auront admirablement bien délégué le travail, et surtout il faudra que l'on s'organise en réseaux, que les cataphiles et les amateurs d'urbex fournissent leurs cartes.  Impossible de retrouver les noms de tous ces manuels américains d'anarchistes qui expliquent comment vivre sans argent, créer des bombes etc, mais vous voyez l'idée je suppose.
En 2027 ou 2032 quand le FN sera à l'Elysée, ceux qui auront le luxe de pouvoir abandonner leur travail, type intellectuels engagés  se réfugieront dans les campagnes et reformeront les maquis de la seconde guerre mondiale, il y aura un exode urbain et les infiltrés des métropoles seront les gens de profession modeste.  Le Comité Jeudi Noir sera sans doute chargé de trouver les bâtiments aptes à accueillir les révoltés. Le CRIF et les organisations du même genre seront en état d'alerte maximale.  Les personnels de service, hommes ou femmes,  seront des cibles privilégiées mais n'arriveront pas à redorer le blason de leur métier, à part s'ils répondent aux avances des hauts gradés. La révolte concernera toutes les classes d'âges. Les autres pays nous rejoindront sûrement.  Peut-être commencerons-nous à avoir l'impression que l'idée de nation est très subjective et peu à peu elle s'évaporera car nous nous mettrons tous à combattre en même temps dans l'Europe et le Monde : "Nations are a product of the imagination and the stories we choose to tell ourselves of our past and present". Mais devenir citoyen du monde aura des conséquences inattendues et si le FN est renversé, un état autoritaire s'installera tout de même, une culture de masse presque durable commencera à s'installer, et le nationalisme reviendra...l'histoire se répétera... 

Je crois que je pourrais continuer cet "exercice d'anticipation" qui sonne tellement réel dans ma tête pendant des heures... L'histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d'accord...Il faut que j'achète les livres de Sabri Louatah...

Et puis un jour tout sera fini et nous pourrons dire à nos petits enfants que nous avons survécu. Ou que nous sommes morts .

Et si nous étions déjà morts ?  

Je m'en suis rendue compte en allant à la Bastille le lendemain de l'élection d'Hollande mais La Marseillaise, notre hymne, mon hymne, que j'aime et que je chante toujours avec conviction dans une ferveur passionée est un horrible chant guerrier, qui déroulait originellement sur 15 couplets des atrocités haineuses . 
Avec des paroles pareilles, il faudra bien un jour que nous apprenons notre leçon et que nous l'appliquons. 

Alors que de jours terribles nous attendront !



mercredi 6 juin 2012

Conte de la mère-grand (1870)




En sixième on m'a lu ce que j'appellerais les vrais contes, non travestis et fantaisistes, et comment dire, même si j'avais passé l'âge des contes de fées, celui-ci en particulier m'a tout bonnement tétanisée. Le Petit Chaperon Rouge originel , c'est plus qu'une coming-of-age-story. On bascule dans l'horreur, il s'agit vraiment de laisser les pucelles à la maison en leur montrant de quoi le monde extérieur est fait.Je me suis tout de suite imaginé des images, parce que c'est vrai, c'est très graphique, et surtout bourré de symboles. Le site de la BNF le présente comme-ci :






Le Conte de la mère-grand  est une variante du Petit Chaperon rouge recueillie par le folkloriste Achille Millien (1838-1927) dans le Nivervais autour des années 1870 et publié par Paul Delarue (1886-1956) dans Le Conte populaire français (Maisonneuve et Larose, 1957-1985). Comme d'autres versions de la tradition orale, il présente le motif du chemin des Épingles et des Aiguilles ainsi que celui du repas cannibale, tous deux absents chez Perrault comme chez les Grimm. Yvonne Verdier les analyse dans Grands-mères, si vous saviez…  En outre, l'épisode du déshabillage qui précède le coucher du Chaperon est ici fort développé. Cette version nivernaise présente enfin un dénouement heureux, bien différent de celui des Grimm... 
   



 
C'était un femme qui avait fait du pain. Elle dit à sa fille :
– Tu vas porter une époigne toute chaude et une bouteille de lait à ta grand. Voilà la petite fille partie. À la croisée de deux chemins, elle rencontra le bzou qui lui dit :
– Où vas-tu ?
– Je porte une époigne toute chaude et une bouteille de lait à ma grand.
– Quel chemin prends-tu ? dit le bzou, celui des aiguilles ou celui des épingles ?
– Celui des aiguilles, dit la petite fille.
– Eh bien ! moi, je prends celui des épingles.
La petite fille s'amusa à ramasser des aiguilles.
Et le bzou arriva chez la Mère grand, la tua, mit de sa viande dans l'arche et une bouteille de sang sur la bassie.

La petite fille arriva, frappa à la porte.
– Pousse la porte, dit le bzou. Elle est barrée avec une paille mouillée.
– Bonjour, ma grand, je vous apporte une époigne toute chaude et une bouteille de lait.
– Mets-les dans l'arche, mon enfant. Prends de la viande qui est dedans et une bouteille de vin qui est sur la bassie.

Suivant qu'elle mangeait, il y avait une petite chatte qui disait :
– Pue !... Salope !... qui mange la chair, qui boit le sang de sa grand.
– Déshabille-toi, mon enfant, dit le bzou, et viens te coucher vers moi.
– Où faut-il mettre mon tablier ?
– Jette-le au feu, mon enfant, tu n'en as plus besoin.

Et pour tous les habits, le corset, la robe, le cotillon, les chausses, elle lui demandait où les mettre. Et le loup répondait : "Jette-les au feu, mon enfant, tu n'en as plus besoin."
Quand elle fut couchée, la petite fille dit :
– Oh, ma grand, que vous êtes poilouse !
– C'est pour mieux me réchauffer, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grands ongles que vous avez !
– C'est pour mieux me gratter, mon enfant !
– Oh! ma grand, ces grandes épaules que vous avez !
– C'est pour mieux porter mon fagot de bois, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grandes oreilles que vous avez !
– C'est pour mieux entendre, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grands trous de nez que vous avez !
– C'est pour mieux priser mon tabac, mon enfant !
– Oh! ma grand, cette grande bouche que vous avez !
– C'est pour mieux te manger, mon enfant !
– Oh! ma grand, que j'ai faim d'aller dehors !
– Fais au lit mon enfant !
– Au non, ma grand, je veux aller dehors.
– Bon, mais pas pour longtemps.

Le bzou lui attacha un fil de laine au pied et la laissa aller.
Quand la petite fut dehors, elle fixa le bout du fil à un prunier de la cour. Le bzou s'impatientait et disait : "Tu fais donc des cordes ? Tu fais donc des cordes ?"
Quand il se rendit compte que personne ne lui répondait, il se jeta à bas du lit et vit que la petite était sauvée. Il la poursuivit, mais il arriva à sa maison juste au moment où elle entrait.

 



J'ai hâte de lire les contes de Franz Xaver von Schönwerth redécouverts l'an passé. Et Luchini était bien dans ce film.